Brouwerij 3 Fonteinen

Retour à notre terroir

Pourquoi ce projet ? Pour un retour à notre terroir, au goût et à l’authenticité des produits dont les artisans étaient la cheville ouvrière.

Il y a moins d’un siècle, l'agriculteur, le malteur et le brasseur, le meunier et le boulanger habitaient simplement le même village. Facile. Cela assurait la confiance et la compréhension mutuelle, car ils savaient à qui ils avaient affaire et ils mangeaient le même pain. Mais après la Seconde Guerre l'agriculture s'est massivement industrialisée. Notre système agricole et alimentaire s’en est retrouvé anonymisé.

Vicieux, le cercle céréalier

Initialement, c’est avec les intentions les meilleures que l'industrialisation et une mise à l'échelle sans précédent furent introduites. 'Plus de guerre, plus de faim', fut le slogan d’après-guerre. Mais la lutte contre la faim a été rapidement gagnée et transformée en une lutte pour le rendement maximal et une exportation sans limites. Résultat, la chaîne alimentaire s'est effilochée et effondrée.

L'agriculteur s’est vu coincé dans une tenaille économique entre la hausse des prix d'achat et la baisse des prix de vente. Aujourd’hui une grande partie du contrôle et du pouvoir est dans les mains de quelques géants : d'un côté les fournisseurs de semences, de pesticides et d'engrais et de l'autre la distribution en gros en tant qu'acheteurs.

Cela crée une pression énorme sur l'ensemble du système – et en particulier un cercle vicieux pour les agriculteurs.


  • la pression des prix dans la distribution en gros et les supermarchés appauvrit la qualité de nos aliments et boissons transformés. But ultime : toujours plus vite, toujours moins cher.

  • cela augmente la pression des prix sur l'agriculture. L'agriculteur n'est plus un décideur de prix depuis bien longtemps, mais un preneur de prix qui accepte simplement ce que dicte le marché. Et pourtant c’est bien à lui qu’incombent tous les risques opérationnels et financiers.

  • sous cette pression, l'agriculteur va essayer de récolter le plus grand tonnage possible par hectare. Là où dans le passé 3 à 4 tonnes de céréales par hectare étaient la norme, ce chiffre est propulsé à environ 8 à 10 tonnes par hectare actuellement.

  • ceci rend l'agriculteur dépendant des fournisseurs qui lui vendent des semences à rendement maximal, tout comme des pesticides et des engrais pour maximiser le rendement.

  • cet ensemble de pratiques agricoles dégradent le sol en le compactant et en l’érodant. Cela rend plus difficile de maintenir l’eau dans le sol. Et la biodiversité dans le paysage agricole décline.

  • la seule possibilité de survie est alors l’agrandissement des fermes avec comme corollaire le surendettement et l’appauvrissement de la diversité de l’offre.


C’est ainsi que l’industrialisation a fait disparaître beaucoup de variétés anciennes de fruits, de légumes et de céréales : ils ne correspondaient pas aux exigences de la course effrénée au rendement maximal...

Le pain et la bière que nous consommons nous arrivent tout droit de l’étranger

Elle est perfide, cette exploitation systématique du fermier. Ils sont durs, les chiffres : le revenu moyen pour les céréales atteint à peine 1800 € l’hectare. Après déduction des frais il reste 600 €, avec lesquels il faut payer le travail, les prêts et tout le reste. Bref, il ne reste quasi plus rien. En Europe on en est arrivé au point où de nombreux agriculteurs tirent leur revenu familial de subventions plutôt que du produit de leur travail.

La dépendance aux subventions, la pression économique permanente et le manque de perspective d'avenir peuvent expliquer pourquoi tant d'agriculteurs abandonnent le métier. La réalité déchirante est que nulle part le taux de dépression et de suicide n'est aussi élevé que dans la communauté agricole.

Voilà belle lurette que nos paysans ne sont plus compétitifs face à d'autres régions au sein de l'Europe, mais surtout en dehors de l’Europe. Là où un agriculteur belge moyen cultive ses 30 hectares, en Ukraine et dans d'autres pays d'Europe de l'Est, l’on travaille facilement 100 à 1 000 hectares et 10 000 hectares aux États-Unis. Et pourtant le prix obtenu pour du grain belge est le même qu’ailleurs : celui du marché mondial.

Il y a une limite à ce système. Notre agriculture est mise à mal, sa résilience est érodée par le réchauffement climatique avec sa sécheresse inhérente dans les champs, par les monocultures, par l'appauvrissement des sols, ainsi que par la pression des prix. De nos jours, la céréaliculture belge se focalise principalement sur l'alimentation du bétail belge, ainsi que sur la production de bioéthanol et d'amidon. Conclusion, pour notre propre consommation humaine, nous comptons sur les importations. Absurde, non?

Ceci peut se faire différemment, parce qu’il faut le faire différemment

L’élasticité s’est évaporée. Il est grand temps de changer les choses. Il faut retourner aux valeurs d’antan, où la qualité, le durable et la logique avaient leur place. Concepts tellement classiques qu’ils sont redevenus progressistes.

Il faut retourner à une collaboration locale entre l'agriculteur et son client : cuisinier, brasseur, meunier ou boulanger. Il faut retourner à la richesse de la diversité. Il faut revenir à la qualité. Moins mais meilleur. Et rendre au fermier ce qui revient au fermier. Pour que l'agriculteur continue à cultiver,


  • avec une fierté retrouvée, parce que son métier est à nouveau reconnu et apprécié.

  • motivé par la connaissance du produit final qui valorisera ses récoltes,

  • tout simplement heureux de pouvoir vivre de sa passion.


Nous croyons en un Réseau céréales solide incluant tous les mordus passionnés, agriculteurs, malteurs, meuniers, brasseurs et boulangers mais aussi les consommateurs les plus exigeants. Une vision des valeurs traditionnelles, de notre sol, de notre terre, de notre terroir.